A travers un ouvrage de moins de 100 pages, Daniel Cohen nous offre une vision synthétique et construite des enjeux de notre société contemporaine en terme économique et social, tout en nous expliquant par quelques chapitres les différentes révolutions industrielles qu'a connues la France, et plus largement l'Europe.
L'introduction s'ouvre sur une rapide synthèse autour du capitalisme et ce constat que, depuis la révolution financière des années 80, l'organisation des firmes, et de ses principes, ont été totalement modifiés.
En effet, la société industrielle du XXè siècle liait mode de production et mode de protection, en diversifiant les productions au sein même de l'usine afin de se prémunir d'éventuels retournements de conjonctures.
Les questions économiques et sociales étaient scellées.
Comme le souligne l'auteur, les années 80 voient l'avènement de la spécialisation industrielle, par le fait qu'un actionnaire diversifie ses risques en multipliant les secteurs au sein de son portefeuille au lieu d'attendre d'une usine qu'elle fabrique différents produits.
Ainsi, Daniel Cohen déplore que "ce sont désormais les salariés qui subissent les risques, et les actionnaires qui s'en protègent. C'est la fin de la solidarité qui était inscrite au coeur de la firme industrielle".
L'auteur poursuit sa réflexion sur la notion de "société de service", en soulignant l'ultra-tertiarisation de notre société, jusqu'aux industries qui elles-même se tertiarisent.
En effet, la modernisation (l'équipement technologique) réduit les besoins en employés non-qualifiés, au bénéfice de profils plus managériales ou experts.
De fait, il en découle un nouveau paradigme, définition donnée par Daniel Bell: nous sommes désormais dans une société de la connaissance.
"(...) la source de la plus-value n'est plus dans le travail consacré à produire le bien, mais dans celui passé à le concevoir".
Ainsi, les enjeux de la société industrielle contemporaine s'illustrent comme tels: la conception des biens (l'immatériel) et leur prescription (la commercialisation).
Cette nouvelle révolution s'explique notamment comme révolution technologique, qui entraine une révolution sociale et de nouveaux principes d'organisation au travail.
Certes, la technologie tend d'une part à rendre plus productif les travailleurs qualifiés, et d'amoindrir celui des travailleurs non-qualifiés, mais elle a aussi multiplié les tâches de nombreuses professions.
En effet, de part son accessibilité et sa rapidité d'exécution, la technologie a changé la nature de nombreux métiers.
Ainsi, les employés qualifiés ne sont plus alloués à une tâche spécifique, mais se voient en charge d'en effectuer plusieurs afin de "tuer les temps morts". (exemple: libraire qui gère les stocks, conseille le client, encaisse...).
Il en résulte une nouvelle inégalité, celle d'éliminer les "échelons intermédiaires".
Daniel Cohen revient ensuite sur le Fordisme en apportant une explication à la mort de ses fondements.
Ford aurait dit qu'il attendait de ses ouvriers "qu'ils ne sachent lire, ni qu'ils sachent écrire (...)", ce contre quoi les révoltés de mai 68 s'insurgent.
Ainsi, si les ouvriers Fordiens n'étaient ni lettrés, ni éduqués, il n'en va pas de même pour leurs enfants, "les progrès de l'éducation ruinent les fondements du fordisme".
Les révoltes de mai 68, contestant le travail à la chaîne, permettent de faire émerger les nouvelles technologies et de précipiter "l'avènement d'un nouvel esprit du capitalisme".
Hors, bien que le modèle français se base sur l'abolition sociale de ses élites, la réalité est tout autre.
En effet, ce système est aujourd'hui corrompu par "l'endogamie sociale". Les classes aisées éduquent leurs enfants en vue de maintenir voir d'élever leur conditions, ce qui se traduit par un élitisme éducatif "une guerre scolaire préventive" dès le choix de l'école maternelle, leur assurant ainsi l'accès aux plus grandes écoles.
"La République cesse d'être une et indivisible pour devenir le champ clos de la reproduction sociale".
La seconde "leçon", intitulée "la nouvelle économie-monde", nous offre une vision internationale de l'économie.
Ainsi, à travers des choix stratégiques, on comprend pourquoi des pays tels que la chine ont longtemps choisi une économie "protectionniste", et quel impact ce choix a eu sur l'ultra-spécialisation industrielle des nations.
Par ailleurs, cette spécialisation porte sur une tâche spécifique et non pas sur un secteur donné "Cette désintégration verticale de la production n'est rien d'autre que le miroir mondial du démembrement de la production fordiste (...)".
Ainsi, la conception et la commercialisation du produit deviennent le coeur d'activité des pays riches, tandis que la fabrication devient inessentielle et se retrouver externalisée.
Trois leçons sur la société post-industrielle; de Daniel Cohen
Dé-solidarisation état/travail et ubérisation https://itunes.apple.com/fr/podcast/cultures-monde/id417736577?mt=2
https://itunes.apple.com/fr/podcast/les-enjeux-internationaux/id390165181?mt=2
https://itunes.apple.com/fr/podcast/du-grain-a-moudre/id209089492?mt=2&i=363916179
http://www.strategie.gouv.fr/publications/leffet-de-lautomatisation-lemploi-quon-sait-quon-ignore
L'introduction s'ouvre sur une rapide synthèse autour du capitalisme et ce constat que, depuis la révolution financière des années 80, l'organisation des firmes, et de ses principes, ont été totalement modifiés.
En effet, la société industrielle du XXè siècle liait mode de production et mode de protection, en diversifiant les productions au sein même de l'usine afin de se prémunir d'éventuels retournements de conjonctures.
Les questions économiques et sociales étaient scellées.
Comme le souligne l'auteur, les années 80 voient l'avènement de la spécialisation industrielle, par le fait qu'un actionnaire diversifie ses risques en multipliant les secteurs au sein de son portefeuille au lieu d'attendre d'une usine qu'elle fabrique différents produits.
Ainsi, Daniel Cohen déplore que "ce sont désormais les salariés qui subissent les risques, et les actionnaires qui s'en protègent. C'est la fin de la solidarité qui était inscrite au coeur de la firme industrielle".
L'auteur poursuit sa réflexion sur la notion de "société de service", en soulignant l'ultra-tertiarisation de notre société, jusqu'aux industries qui elles-même se tertiarisent.
En effet, la modernisation (l'équipement technologique) réduit les besoins en employés non-qualifiés, au bénéfice de profils plus managériales ou experts.
De fait, il en découle un nouveau paradigme, définition donnée par Daniel Bell: nous sommes désormais dans une société de la connaissance.
"(...) la source de la plus-value n'est plus dans le travail consacré à produire le bien, mais dans celui passé à le concevoir".
Ainsi, les enjeux de la société industrielle contemporaine s'illustrent comme tels: la conception des biens (l'immatériel) et leur prescription (la commercialisation).
Cette nouvelle révolution s'explique notamment comme révolution technologique, qui entraine une révolution sociale et de nouveaux principes d'organisation au travail.
Certes, la technologie tend d'une part à rendre plus productif les travailleurs qualifiés, et d'amoindrir celui des travailleurs non-qualifiés, mais elle a aussi multiplié les tâches de nombreuses professions.
En effet, de part son accessibilité et sa rapidité d'exécution, la technologie a changé la nature de nombreux métiers.
Ainsi, les employés qualifiés ne sont plus alloués à une tâche spécifique, mais se voient en charge d'en effectuer plusieurs afin de "tuer les temps morts". (exemple: libraire qui gère les stocks, conseille le client, encaisse...).
Il en résulte une nouvelle inégalité, celle d'éliminer les "échelons intermédiaires".
Daniel Cohen revient ensuite sur le Fordisme en apportant une explication à la mort de ses fondements.
Ford aurait dit qu'il attendait de ses ouvriers "qu'ils ne sachent lire, ni qu'ils sachent écrire (...)", ce contre quoi les révoltés de mai 68 s'insurgent.
Ainsi, si les ouvriers Fordiens n'étaient ni lettrés, ni éduqués, il n'en va pas de même pour leurs enfants, "les progrès de l'éducation ruinent les fondements du fordisme".
Les révoltes de mai 68, contestant le travail à la chaîne, permettent de faire émerger les nouvelles technologies et de précipiter "l'avènement d'un nouvel esprit du capitalisme".
Hors, bien que le modèle français se base sur l'abolition sociale de ses élites, la réalité est tout autre.
En effet, ce système est aujourd'hui corrompu par "l'endogamie sociale". Les classes aisées éduquent leurs enfants en vue de maintenir voir d'élever leur conditions, ce qui se traduit par un élitisme éducatif "une guerre scolaire préventive" dès le choix de l'école maternelle, leur assurant ainsi l'accès aux plus grandes écoles.
"La République cesse d'être une et indivisible pour devenir le champ clos de la reproduction sociale".
La seconde "leçon", intitulée "la nouvelle économie-monde", nous offre une vision internationale de l'économie.
Ainsi, à travers des choix stratégiques, on comprend pourquoi des pays tels que la chine ont longtemps choisi une économie "protectionniste", et quel impact ce choix a eu sur l'ultra-spécialisation industrielle des nations.
Par ailleurs, cette spécialisation porte sur une tâche spécifique et non pas sur un secteur donné "Cette désintégration verticale de la production n'est rien d'autre que le miroir mondial du démembrement de la production fordiste (...)".
Ainsi, la conception et la commercialisation du produit deviennent le coeur d'activité des pays riches, tandis que la fabrication devient inessentielle et se retrouver externalisée.
Trois leçons sur la société post-industrielle; de Daniel Cohen
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