Accéder au contenu principal

Le Textile Habillement; La volonté de remporter la nouvelle révolution industrielle; de Clarisse Perotti-Reille

Clarisse Perotti-Reille, chargée de Mission au Ministère de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi, nous offre un rapport détaillé sur le secteur du Textile Habillement en France, daté de 2008.
Composé de 3 chapitres, ce rapport nous propose dans un premier temps de nous pencher sur une vision à moyen terme du secteur en y intégrant une analyse des mutations de consommation alors en cours. L'auteur poursuit son analyse à travers un second chapitre consacré aux grandes orientations stratégiques et macroéconomiques afin d'assoir le secteur dans un avantage concurrentiel.
Enfin, le dernier chapitre énumère les actions pratiques à mener à court terme.

L'auteur débute sa réflexion par un constat sur la mondialisation et les renversements des circuits économiques qui en découlent.
En effet, bien qu'en 2008 le secteur du textile habillement représente 480 milliards de dollars et connaisse une croissance soutenue, il est marqué par une hégémonie quasi-totale de l'Asie qui assure plus de 80% des exportations mondiales inter-zones. L'Europe affiche un petit 15% seulement.
Cependant, l'auteur nous rappelle que les délocalisations ont pris une telle ampleur également (et surtout) car la distribution s'est concentrée, appuyée par le développement des technologies de l'information.
Clarisse Perotti-Reille poursuit cette analyse des raisons du succès de l'exportation asiatique par la mise en exergue des CLUSTERS dont le Chine notamment s'est dotée, dans le but de faciliter l'exportation en intégrant l'intégralité de la chaîne de production.
"Face à la demande des chaînes de distribution concentrée, la combinaison des trois facteurs: bas coûts de main d'oeuvre, entreprises en clusters, chaînes logistiques efficaces expliquent la puissance du succès chinois".
En n'anticipant pas sur l'émergence d'une industrie textile à proximité des centres de confections asiatiques, le Textile français a subi le choc de la délocalisation (en 2003).
Le rapport se poursuite en nous offrant une vision du futur intitulé "une nouvelle Révolution Industrielle point à l'horizon".
En effet, le consommateur occidental tend vers une INDIVIDUALISATION DE LA CONSOMMATION, qui impactera nécessairement les circuits de distribution et la chaîne de fabrication. Cette mutation de la consommation s'explique par un désenchantement du consommateur "70% des consommateurs estiment que la mode est la même partout. Pas étonnant, dans ces conditions, que 40% des collections soient vendues en soldes".
Las, on observe que le consommateur prend le pouvoir, en reprenant la maîtrise de sa consommation, tout en optimisant ses achats (il s'informe et compare sur le net), et devient ainsi un professionnel de la consommation.
Tel qu'évoqué dans de nombreux ouvrages (ici, et ) les biens de consommation ne répondent plus aux attentes du consommateur, qui devient hédoniste et cherche de plus en plus un produit porteur de sens, ayant une forte composante émotionnelle.
Cela découle sur une AUGMENTATION DU CONTENU IMMATERIEL, le renforcement de la PERSONNALISATION ainsi que sur la MULTIPLICATION/segmentation des marchés.
L'émergence d'une CONSOMMATION RESPONSABLE rejoint également ces enjeux.
Comme Daniel Cohen (Le monde est clos et le désir infini), l'auteur déplore qu'un trop grand nombre  d'acteurs n'est pas encore appliqué ce changement de paradigme "Ils continuent de dépenser une grande énergie à faire vivre un modèle qui a contribué à leur formidable développement, mais qui s'essouffle".
Comme tant d'autres, Clarisse Perotti-Reille déplore que le secteur persévère dans les stratégies uniquement fondées sur la baisse des coûts, dont on sait à présent qu'elles ne sont pas pérennes.
Ce changement de paradigme nécessite de créer de véritables partenariats avec l'industrie, en développant un intense travail COLLABORATIF quant à l'AMELIORATION du produit final et la mise au point d'une véritable OFFRE DE SERVICES.
Dans son chapitre sur l'INNOVATION, "un concept ouvert qui intègre le client", l'auteur explique le client doit être intégré au processus d'innovation.
"L'innovation est désormais pilotée par la connaissance client, c'est à dire la connaissance acquise par l'entreprise, des désirs des clients, de leurs réactions, de leurs idées, qui viennent à chaque instant enrichir la création du produit ou service. Cette approche induit un grand changement dans l'organisation même  de l'entreprise. L'entreprise doit mettre en place un processus itératif de création et de gestion de connaissances combinant les approches marketing et technologiques", note l'auteur, dans un onglet nommé" 4ème génération de R&D: le client au centre".
La 4ème génération de l'innovation est également appelée INNOVATION ASCENDANTE.
Cependant, l'auteur souligne que peu de consommateurs sont en mesure d'exprimer clairement leurs besoins
Il est donc nécessaire de développer un PROCESSUS DE COPRODUCTION de l'innovation, accompagné par l'itération entre concepteurs et consommateurs.
Clarisse Perotti-Reille rejoint également Pascal Morand et Jean-Noël Kapferer quant à la nécessité de renforcer l'image de la MARQUE FRANCE.
Dans son chapitre sur le PLAN D'ACTIONS, l'auteur nous propose 5 orientations stratégiques spécifiques au Textile Habillement:
-La montée en compétence (émergence de profils mixtes)
-L'innovation dans toute sa modernité
-La chaîne logistique
-La démarche commerciale  par l'information et l'international
-L'émergence d'un réseau de valeurs (label "éthique industriel")
"L'innovation est au coeur de la renaissance du Textile Habillement. Mais, le secteur doit prendre en compte le processus d'innovation dans leur modernité notamment, le caractère incontournable de l'innovation immatérielle qui va bien au-delà de la seule créativité esthétique sur le produit final".


Articles complémentaires:

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/084000121.pdf

http://www.fimif.net/fimif/docs/Etude-Impact-Emplois.pdf


http://modelab.fr/creation-collective-quelles-perspectives-pour-la-mode/


http://www.strategie-aims.com/events/conferences/23-xxiieme-conference-de-l-aims/communications/2946-le-business-model-durable-dans-l-industrie-du-textile-habillement/download


https://www.unifr.ch/cresuf/assets/files/bachelor_Christophe_Bregnard.pdf

http://www.cairn.info/revue-de-l-ires-2009-3-page-99.htm

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Ce que marque veut dire... de Marie-Claude Sicard

Marie-Claude Sicard , dans son ouvrage intitulé "Ce que marque veut dire..." aborde l'identité de marque comme un ensemble systémique . L'identité de marque, note-elle reprenant une citation de Pierre Tap dans son ouvrage "L'identité" , repose sur "la dialectique du semblable et du différent". De fait, il n'y a d'identité que dans la différence. L'auteure rappelle par ailleurs que l'identité visuelle n'est qu'une des composantes de l'identité de marque, au même titre que le prix, les produits, al publicité, le système de vente et l'ensemble des individus qui l'incarne. Elle interroge le modèle du marketing-mix, dont un quart représenterait la communication alors que, selon elle, tout communique: le produit, le prix, la distribution. "Tout ce que fait une marque est un acte de communication: la conception d'un produit, sa politique de prix et de distribution, la fiabilité de ses services, sa...

Les Marques; Capital de l'Entreprise de Jean-Noël Kapferer

Dans son ouvrage intitulé " Les Marques; Capital de l'entreprise " Jean-Noël Kapferer nous offre une vision holistique du concept de marques et de la gestion de celles-ci, de leur territoires d'expression jusqu'à leur stratégie d'expansion. Il nous met également en garde quant aux facteurs de déclin qu'elles pourraient rencontrer. Le concept de marque est abordé de façon pluridisciplinaire, l'auteur interroge la notion même d'identité de marque, mais aussi son aspect financier et socio-culturel. Les MODELES STRATEGIQUES sont évoqués, tant en terme de portefeuille de marques, que sous le principe d'organisation inhérent aux entreprises. Jean-Noël Kapferer s'insurge contre les structures qui s'inscrivent dans une logique court termiste dans l'évaluation des décisions et qui offrent, au lieu de chefs de marques, aux chefs de produits des primes sur résultats annuels qui ne permettent pas une gestion de marque pérenne. En effet,...

Le marketing de la marque, Approche sémiotique de Andréa Semprini

Andrea Semprini nous offre une vision holistique de la marque à travers son ouvrage intitulé "Le marketing de la marque" . Il s'interroge, dans un premier temps, sur le rôle stratégique de la marque, à travers plusieurs leviers reliés entre eux de façon systémique. La MULTIPLICATION INTERPRODUIT est évoquée à travers le constat d'une offre pléthorique de produits sur le marché, accentuée par une variation infinie d'un même produit. Face à cette situation, il apparait comme nécessaire que la marque se démarque avec un discours qui lui soit propre. La SATURATION DES MARCHES nécessite que les entreprises se différencient, ce qui se produit par le biais du concept de marque . Cette entité permet d'exprimer une valeur ajoutée d'ordre symbolique et affectif . "En effet, dans les marchés où la saturation est atteinte, la progression d'un producteur ne peut se faire qu'aux dépens d'un autre (ou de plusieurs autres) producteur(s). Le jeu es...