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Mondialisation; changeons de posture-Rapport du groupe de travail international sur la mondialisation présidé par Pascal morand

"La vérité la plus élémentaire sur la mondialisation est que personne n'en a la responsabilité et que quand quelque chose va mal il n'y a personne à appeler", dixit Thomas Friedman (La terre est plate, Saint Simon, 2006).


Parmi les lectures préparatoires que nous offre l'IFM, se trouve un rapport intitulé MONDIALISATION, en date de 2008, rédigé par Pascal Morand.


Pascal Morand,  accompagné de Christian de Boissieu, José-Luis Duran; Simon Evenett, Jean-Martin Folz, Lionel Fontagné, Henri Lachmann, Concetta Lanciaux, Francis Lemor, Johannes Meier, Per Molander, Nicole Notat, Baudoin Roger, Michael Sohlman, mais aussi de Olivier Louis en qualité de rapporteur, a effectué une analyse de fond sur la dimension économique de la mondialisation, sous la direction de Christine Lagarde, daté de décembre 2006.


Le rapport débute par un échange de courrier entre Pascal Morand et Christine Lagarde, puis ouvre la réflexion à travers un résumé analytique.

La perception qu'ont les citoyens français de la mondialisation est globalement négative, ce constat est d'autant plus fort que cette perception n'est pas partagée par le reste de l'Europe.
En effet, le système économique de marché globalisé n'est pas perçu par les Français comme un progrès.
Cet  état d'esprit limite les performances économiques du pays et ralentit son développement.
De plus, cette perception existe depuis plus de 30 ans, enlisée dans un débat du "pour ou contre la mondialisation" qui n'a plus lieu d'être: la mondialisation s'impose à nous quoiqu'il en soit.

Pourtant, la France pourrait tirer davantage partie des ses prédispositions en ciblant le haut de gamme, l'innovation et le design.

Riche d'un savoir-faire et d'une culture créative, dans un environnement mondial qui privilégie la société de la connaissance et de l'immatériel, la France a de belles cartes à jouer.
Cependant, afin de s'adapter à la concurrence mondiale, les auteurs déconseillent de protéger les industries non-compétitives, qui se feraient au détriment de la prospérité de la France sur le long terme.

Afin d'embrasser la mondialisation, quelques règles s'imposent.

"Une mondialisation durable doit reposer sur des règles et une gouvernance globales qui permettent des échanges loyaux, le respect des préférences collectives des uns et des autres ainsi que l'amélioration de la gouvernance des pays émergents."

Le rapport propose dix clefs pour changer de posture face à la mondialisation:

-un leadership et une volonté politique forte
-des objectifs et des enjeux clarifiés
-une culture publique du résultat et de l'évaluation
-des valeurs communes protégées
-une société souple et agile
-un dialogue et une cohésion sociale renforcés
-une ouverture au monde et des échanges loyaux
-une information et une pédagogie qui responsabilisent
-une marque France fondée sur le design et la créativité

Recommandation du groupe de travail sur la mondialisation

Les auteurs ont élaboré quelques outils afin d'assoir la France à la table des grands acteurs de la mondialisation.
La création d'un conseil de la mondialisation et l'adoption d'une stratégie nationale de la mondialisation permettraient de conduire efficacement le changement.

Ils suggèrent également de créer un plan de suivi statistique de l'impact des mutations sur le tissu local et sur le long terme afin de mesure l'impact de la délocalisations ur l'emploi, mais aussi de concevoir un tableau de bord de la performance de la France à l'international et d'intégrer l'immatériel dans les indicateurs de croissance.


L'éducation des citoyens à travers des outils pédagogiques scolaires mais aussi par une meilleur formation journalistique permettrait d'offrir une vision clarifiée de la mondialisation à l'ensemble des français.


Enfin, le groupe souligne l'importante d'anticiper les changements plutôt que de les subir au moyen de stratégies régionales fortes (et décentralisées).


La promotion de labels appuyant la qualité, les enjeux environnementaux, la technologie, est nécessaire afin de sensibiliser les consommateurs et oeuvrer pour l'économie française.


L'économie de la connaissance et de l'immatériel nécessite un investissement massif dans l'enseignement supérieur avec la promotion de l'excellence et de l'adaptabilité. Afin de soutenir l'innovation, les auteurs invitent donc à une intensification de la politique en faveur du design et de la créativité mais aussi à une campagne de renforcement du recrutement des "cerveaux" à destination des étudiants étrangers.


Les partenariats avec nos homologues étrangers sont envisagés afin afin de favoriser l'innovation technologique et éducative, mais aussi promouvoir la mobilité des talents entres université et monde économique.


Le développement d'un écosystème favorable aux PME est soulevé, avec l'idée de négocier un Small business act leur facilitant l'accès aux marchés publics, mais également en incitant les PME au rapprochement (entre elles et avec de grandes entreprises).

Le groupe propose également la création d'un fond "France-PME-Export" en vue d'améliorer le financement des PME qui exportent.

Afin de mieux se positionner sur les marchés de niches, facteurs de croissance et d'emploi, les auteurs envisagent d'assouplir la réglementation des services et des professions réglementées et de favoriser le développement des services à la personnes.


Ils soulignent la nécessité d'engager une politique commerciale plus juste et ambitieuse, notamment en termes de développement durable en incluant des normes sociales et environnementales dans les accords bilatéraux, en créant des "secrétariats mixtes permanents" mais aussi en demandant à la commission européenne de produire des études d'impact sur le développement durable en amont et en aval des accords commerciaux.


Il faut également renforcer la gouvernance mondiale au moyen d'un conseil de sécurité économique, et d'une organisation mondiale de l'environnement.

Cela passe également par l'accompagnement des pays émergents, notamment en renforçant les conditions de notre aide avec comme pour objectif le respect de standards minimaux, de respect des droits de l'homme ainsi que des droits du travail et de l'environnement.

La première partie du rapport se consacre à la perception de la mondialisation

(oui oui, avant, ce n'était que le résumé!!!)

Une phrase a retenu mon attention: "Du point de vue de l'échelle du temps, on peut écrire en simplifiant que les coûts sont plutôt perceptibles dans le court terme alors que les bénéfices sont plus diffus et décalés dans le temps (...)."


Une seconde réflexion, notifiée dans la chapitre "La confusion des discours", interpelle, et renvoie à l'ouvrage de Frédéric Martel "Smart": Les entreprises apatrides sont un mythe. En effet, "la proximité du marché dominant, de celui que l'entreprise connaît le mieux, c'est à dire de son marché d'origine, reste un facteur de développement décisif."


Les auteurs se penchent ensuite sur les raisons de la dépréciation des français quant à la mondialisation.

Le "syndrome de pessimisme socio-économique" propre aux français, est le résultat de la peur d'une perte de contrôle de l'état souverain, associé à la certitude que l'adaptation à la mondialisation à un coût.
"il est dans la tradition française que l'économie de marché ne doit pas s'exercer sans limites" et le marché mondial est perçu "comme un grand désordre échappant à tout contrôle, et donc nécessairement un fauteur de troubles."
Le groupe de travail souligne alors le caractère schizophrénique des français, louangeant les prix les plus faibles, mais redoutant également que la mondialisation remette en cause leurs emplois.
Un autre facteur de préoccupation est la crainte de l'uniformisation culturelle, auquel les auteurs répondent comme Frédéric Martel, prenant l'exemple d'internet, qui est un vecteur de profusion des spécificités culturelles, facilitant les échanges et la circulation des idées.






Nota bene: Je rédige cet article au fur et à mesure que j'avance dans la lecture du dit-rapport.



Mondialisation; changeons de posture-Rapport du groupe de travail international sur la mondialisation présidé par Pascal Morand




Articles complémentaires:


Podcast: 

https://itunes.apple.com/fr/podcast/france-culture-place-la-toile/id415462948?mt=2&i=91013052
https://itunes.apple.com/fr/podcast/geopolitique-le-debat/id934402091?mt=2&i=373439536
https://itunes.apple.com/fr/podcast/leconomie-en-question/id300710113?mt=2&i=366510428
https://itunes.apple.com/fr/podcast/les-enjeux-internationaux/id390165181?mt=2

Rapport Stern: http://cms.unige.ch/isdd/spip.php?article165

Lutte contre la contre-façon: http://m.lesechos.fr/redirect_article.php?id=19854-031-ECH&fw=1
L'économie de l'immatériel : la croissance de demain: http://www.iesf.fr/upload/pdf/economie_de_l_immateriel.pdf

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