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Voyage aux pays du coton; Petit précis de mondialisation de Erik Orsenna



"Xénophobie, nationalismes, chauvinismes...chacun sait que ces maladies plus ou moins aiguës et toutes liées aux territoires n'ont pas dispari de notre planète, que l'hymne universel à la liberté du commerce n'empêche aucunement de très générales pratiques protectionnistes".


Erik Orsenna nous propose un voyage sous forme de quête, celle du coton.
A travers un travail de 2 ans d'enquête dans les principaux pays cotonniers, l'auteur narre un état des lieux du coton sous forme de journal de voyage, un tour d'horizon de la mondialisation de cette matière première.

Quelques faits historiques tout d'abord: L'industrie du coton se développe au XVIIIème siècle, alors que l'Angleterre souffre d'une pénurie de coton en provenance de sa colonie indienne.
Les anglais se tournent alors vers leurs colonies américaines, les armant de machines à filer et à tisser.
La culture du coton débute avec, pour main d'oeuvre, les esclaves noirs venus d'Afrique.
Lorsque l'esclavagisme est aboli, l'Angleterre fait appel à l'Egypte et l'Inde.
S'en suivra le développement de la production du coton par la France en Afrique, puis la culture du coton du Brésil dans son propre pays.

En 2005, année de sortie du livre de Erik Orsenna, la production modiale du coton est détenue à 70% par la Chine, les Etats-Unis, l'Inde et le Pakistan.

Le voyage débute au Mali, pays producteur de coton qui, étonnement, n'en fait pas sa consommation: le marché du textile est monopolisé par le revente des vêtements usagés issus des dons vestimentaires occidentaux.
Au Mali, la production du coton appartient à la CMDT, une compagnie d'Etat (détenue à 40% par la France).  La culture et surtout la cueillette restent archaïques, la main d'oeuvre, quant à elle, est la moins chère du monde...et pourtant, le coton africain connait un concurrent meilleur marché: le coton américain.

Le NCC est une puissante association de cotons américains, un lobby qui pèse dans le paysage politique national. Le coton américain représente alors 40% des exportations mondiales.
L'ultra-compétitivité des cotonniers américains ne s'explique pas seulement par une productivité accrue, mais bien plus par les subventions dont bénéficie le secteur, pourtant condamnées par l'OMC.

Les états-unis sont aussi le pays de Monsanto, et de son fameux herbicide Round up: ce produit annihile l'enzyme qui produit des acides animés des mauvaises herbes. Le gène est ensuite modifié afin de devenir résistant au Round up, puis injecté au cotonnier.
La firme est ainsi en mesure de commercialiser l'herbicide et la semence résistante, détenant alors le brevet d'une semence interdisant aux cultivateurs de réexploiter les semences issues de leur culture: Ils sont tenus de se réapprovisionner auprès de la firme par effet de brevet.

Les Etats-Unis ne sont pas le seul berceau de l'expérimentation génétique. Le Brésil, qui compte bien rattraper le premier producteur mondial, se prête également aux manipulations dans le but d'accroître sa productivité.
Les cultivateurs brésiliens n'entendent pas non plus se faire dicter leur conduite et, toujours dans une quête de territoire à cultiver, brûlent la forêt amazonienne.

Erik Orsenna poursuit son voyage en Ouzbékistan et ses fermes collectives (Kolkhove): régies par un membre de la communauté, ses fermes restent la propriété de l'état qui exploite les paysans jusqu'à parfois leur reverser le fruit de leur labeur avec plusieurs années de retard.
Et, afin d'irriguer les cotonniers, le pays a détourné l'eau qui alimentait la mer d'Aral.
De cette mer ne reste plus que du sable et des sols salés.

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