Gilles Lipovetsky nous offre une réflexion globale sur le principe de Légèreté comme paradigme de notre société hypermoderne.
A travers une analyse fine des sociétés contemporaines, l'auteur nous propose une nouvelle lecture de notre monde sous tous les aspects de notre quotidienneté: sport, mode, santé, éducation, politique, arts, technologies...Il nous présente sa thèse de la Légèreté comme un prisme de lecture de notre réalité contemporaine sans en faire ni l'apologie, ni la condamnation, mais davantage comme un outils d'intelligibilité quant aux mouvements de nos sociétés.
A travers ce principe de Légèreté, la société nous invite en permanence au consumérisme et à l'hédonisme de l'immédiateté.
La Légèreté émerge pendant les Trente Glorieuses et l'avènement de la société de consommation: "La France, dit Fourastié, a plus changé de 1946 à 1975 que de 1700 à 1946, le niveau de vie national étant multiplié par trois et les salaires les plus modestes par quatre", et d'ajouter "La mythologie légère du confort, des vacances, des loisirs s'est installée au coeur du quotidien et des aspirations de masse".
L'auteur appréhende cette notion de légèreté en s'appuyant sur le concept d'hypermodernité. Ce concept fait référence à notre société contemporaine en temps que civilisation non pas post-moderne, en cela qu'elle s'inscrit dans une continuité et non une disruption de la modernité, accentuée qu'elle est par l'accélération et la radicalisation des nouvelles technologies, l'exacerbation du capitalisme et de la consommation de masse, mais aussi par l'ultra-individualisation, puisant ses racines dans les sociétés démocratiques.
Issu du 1ème siècle, le modernisme s'appuie sur les droits de l'homme & la démocratie, le système de marché, et la technologie. Des contre-forces telles que le totalitarisme ou le communisme cristallisaient les enjeux autour de ces principes, ce qui n'est plus vrai aujourd'hui: les enjeux de nouvelles régulations se concentrent sur l'individu et non plus la collectivité.
"A un idéal spirituel et mystique a succédé un idéal corporel autonome qui, obéissant à une dynamique performantielle, donne satisfaction au narcissisme individuel. Il s'agissait d'échapper à notre finitude en renonçant aux pouvoirs du Moi, il s'agit maintenant de parfaire notre condition terrestre, l'optimiser indéfiniment en nous rendant comme "maître et possesseur" du corps" et d'ajouter "L'autonomie est devenue lourde à porter, parce qu'elle contraint chacun à décider de tout en permanence".
C'est, ancré dans le berceau de l'individualisation comme enjeu culturel prédominant, que le capitalisme de séduction trouve son berceau.
Issu du capitalisme de production, enraciné dans l'idéologie de l'hédonisme, le capitalisme de la séduction se distingue par l'hybridation des valeurs d'usage et valeurs de plaisir/style. Inspiré de la mode, il reflète ses principes de "tradition du nouveau", d'emprise des marques, de consommation émotionnelle et de désir de possession. Nous vivons une période d'UTOPIE LIGHT et de CAPITALISME IMMATERIEL.
"Economie de services et "société de l'information" sont maintenant intimement liées et constituent ce qu'on appelle parfois le "capitalisme immatériel", c'est à dire une économie dans laquelle la création de valeur repose avant tout sur les ressources immatérielles (innovation, marque, connaissance, organisation, etc.) et dans laquelle une grande part du produit est elle-même immatérielle. Des biens matériels aux services, c'est l'ordre du "léger" qui redessine nos économies".
Les produits de consommation eux-mêmes tendent à s'alléger, à se miniaturiser, avec l'avènement de la technologie digitale et du cloud. Et de peser pour plus de 10% de la consommation mondiale en électricité, soit l'équivalent de la production annuelle de l'Allemagne et Japon réunis.
"Le paradigme de la légèreté renvoie de plus en plus aux technologies intelligentes, connectées et portables".
La légèreté s'exprime également comme principe d'esthétisation des produits de consommation: "Ce système n'a pas seulement produit en masse des objets et des signes légers, il a favorisé un rapport plus léger au monde, au travers de la généralisation de l'attitude esthétique. Car qu'est ce qu'un regard proprement esthétique sinon une vision distanciée, "désintéressée", allégée de l'orientation utilitaire? La civilisation du léger à moins dégradé la sensibilité du consommateur qu'elle ne l'a esthétisé".
La civilisation du "tout léger" comme dogme n'est pas sans contrainte: le temps devient une des préoccupations majeures, mis en exergue par le numérique et son principe d'immédiateté. On se confronte dès lors au "culte de l'urgence" qui, loin d'alléger l'existence, en alourdit la quête du bonheur.
De la légèreté de Gilles Lipovetsky
Articles complémentaires:
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/gilles-lipovetsky-l-heure-est-au-regne-de-la-citoyennete-light_1638232.html
http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/la-selection/content/1918485-gilles-lipovetsky-extrait-de-de-la-legerete
http://www.telerama.fr/livres/de-la-legerete-vers-une-civilisation-du-leger,122071.php
http://www.scienceshumaines.com/de-la-legerete_fr_34242.html
https://www.letemps.ch/societe/2015/01/30/gilles-lipovetsky-legerete-devenue-une-valeur-fondamentale-societe
http://colblog.blog.lemonde.fr/2015/03/25/gilles-lipovetsky-de-la-legerete/
http://www.lacauselitteraire.fr/de-la-legerete-gilles-lipovetsky
http://www.la-croix.com/Archives/2015-04-24/La-civilisation-du-leger-devient-de-plus-en-plus-lourde-.-ENTRETIEN.-Gilles-Lipovetsky-philosophe-et-sociologue-auteur-de-l-essai-De-la-legerete-1-La-civilisation-du-leger-devient-de-plus-en-plus-lourde-2015-04-24-1306188
http://www.cles.com/anciens-numeros/article/nous-avons-cree-une-civilisation-de-la-legerete
http://www.slate.fr/story/99267/lourdeur-existence-culte-leger-evasion-hypermoderne
http://www.lequotidien.lu/culture/la-civilisation-poids-plume-de-gilles-lipovetsky/
http://www.buddies-magazine.com/single-post/2015/10/07/De-la-l%C3%A9g%C3%A8ret%C3%A9-du-culte-de-la-minceur-au-design-minimaliste
https://youtu.be/9asHPAxWUb0
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