Accéder au contenu principal

La Chinafrique; Pékin à la conquête du continent noir, de Serge Michel et Michel Beuret

"Notre manière de toujours privilégier les besoins humanitaires au lieu des opportunités économiques montre que nous n'avons pas pris l'Afrique au sérieux. Nous sommes restés arrogants et avons utilisé l'aide comme moyen de contrôle, une stratégie qui ne fonctionne plus maintenant que nous ne sommes plus seuls avec les Africains. Nous avons beaucoup à apprendre des chinois."

Entre journal de voyage et enquête journalistique, Serge Michel et Michel Beuret nous apportent le témoignage d'une Afrique en pleine mutation.
Leur ouvrage, intitulé La Chinafrique; Pékin à la conquête du continent noir, daté de 2009, a été l'objet de périples à travers 15 pays africains.

Tout débute par un prologue nous permettant d'obtenir une vision de l'histoire de l'exploitation de l'Afrique et de l'immigration Chinoise.

Le parallèle entre Chine et Afrique débute à la fin du XIXème siècle: les européens remplacent alors l'esclavagisme par les traite des "coolies", pas moins de deux à huit millions de Chinois seront embauchés pour les grands chantiers de l'époque.
La migration chinoise débute alors, se poursuivant ensuite en direction des pays développés.
En 1995, le président Jiang Zemin encourage les entreprises chinoises à devenir des acteurs mondiaux.
Les projets d'infrastructure en Afrique reçoivent le soutient du gouvernement, appuyés par le financement de l'Exim Bank of China.
Le pouvoir chinois encourage, depuis 2000, l'immigration comme une des solutions afin de réduire la démographie du pays. Et les chinois ont récemment découvert leur "nouveau Far West": l'Afrique.

L'Afrique, quand a elle, s'est fait littéralement pillée par les colons jusqu'en 1960, puis, survit grâce aux aides humanitaires entre 1960 et 2000.
Dès 1991, les US et la Grande-Bretagne conditionnent les aides financières à une injonction de progrès en terme de démocratie.
En 1993, Paris annonce la fin de la parité fixe entre le franc et le CFA, avec, pour conséquence, la dévaluation de moitié du CFA dans 14 pays.

"La Françafrique est morte, non pas terrassée par la vertu citoyenne, bien tardive à se manifester, mais de ses hésitations, de son incapacité à s'adapter à l'Afrique et au monde, qui ont profondément changé" déclarent Antoine Glaser et Stephen Smith.

En 1996, le FMI impose au Niger de tout privatiser. Et les Chinois, en quête d'investissement, est preneur.
De plus, le continent africain, riche en pétrole, uranium et forêts, offre à la Chine la promesse de répondre à ses besoins grandissant en matière première.
En huit ans, Pékin s'impose comme partenaire privilégié de la Chine, derrière les US.

La politique chinoise se distingue de l'ingérence européenne, ne prenant position ni pour le respect des droits de l'Homme, ni pour la bonne gouvernance des pays, elle s'accommode des régimes dictatoriaux: elle prône la non-ingérence.
"(...) L'humanitarisme est aussi une méthode de contrôle: il maintient un rapport de domination" indique Mauro de Lorenzo, chercheur à l'American Entreprise Institute.

Les chinois, dans une stratégie qu'il caractérisent de "gagnant-gagnant", proposent des packages aux africains avec une offre complète comprenant l'exploitation de mines et la construction d'infrastructure (barrage, centrale hydroélectrique, chemin de fer, raffinerie...) financé par l'Exim Bank of China en échange d'alumine.
L'équilibre géopolitique mondial est bouleversé par l'intérêt que suscitent les ressources africaines, mais sur l'échiquier mondial, la Chine sort vainqueur.

"Les chinois nous offrent du concret et l'Occident, des valeurs intangibles. Mais ça sert à quoi la transparence, la gouvernance, si les gens n'ont pas d'électricité, pas de travail? La démocratie, ça ne se mange pas".



La Chinafrique; Pékin à la conquête du continent noir, de Serge Michel et Michel Beuret


Articles complémentaires:
http://www.irenees.net/bdf_fiche-documentation-609_fr.html

http://www.scienceshumaines.com/la-chinafrique-pekin-a-la-conquete-du-continent-noir_fr_22716.html

http://www.france5.fr/portraits-d-un-nouveau-monde/#/theme/chine/bienvenue-en-chinafrique/

http://www.lemagazine.info/?La-Chinafrique

https://www.letemps.ch/opinions/2008/05/29/serge-michel-chinois-afrique-une-terre-promesses-non-tenebres

http://www.nonfiction.fr/article-1195-quand_lempire_du_milieu_sinvite_en_afrique.htm

http://www.rouxdebezieux.org/2008/07/la-chinafrique/

http://rue89.nouvelobs.com/chinatown/2010/05/09/lafrique-en-manque-de-strategie-face-a-larrivee-massive-des-chinois-150726

http://afrikhepri.org/la-chinafrique-de-serge-michel-et-michel-beuret/

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Ce que marque veut dire... de Marie-Claude Sicard

Marie-Claude Sicard , dans son ouvrage intitulé "Ce que marque veut dire..." aborde l'identité de marque comme un ensemble systémique . L'identité de marque, note-elle reprenant une citation de Pierre Tap dans son ouvrage "L'identité" , repose sur "la dialectique du semblable et du différent". De fait, il n'y a d'identité que dans la différence. L'auteure rappelle par ailleurs que l'identité visuelle n'est qu'une des composantes de l'identité de marque, au même titre que le prix, les produits, al publicité, le système de vente et l'ensemble des individus qui l'incarne. Elle interroge le modèle du marketing-mix, dont un quart représenterait la communication alors que, selon elle, tout communique: le produit, le prix, la distribution. "Tout ce que fait une marque est un acte de communication: la conception d'un produit, sa politique de prix et de distribution, la fiabilité de ses services, sa

Le bonheur paradoxal. Essai sur la société d'hyperconsommation de Gilles Lipovetsky

"La révolution de la consommation a été elle-même révolutionnée." C'est ainsi que Gilles Lipovetsky introduit sont ouvrage intitulé "Le bonheur paradoxal", un essai partant du constat qu'une nouvelle phase du capitalisme de consommation a émergé: la société d'hyperconsommation . A travers cet ouvrage, Gilles Lipovetsky nous offre les clés afin d'appréhender l'évolution de notre rapport à la consommation, abreuvées de considérations économiques, sociologiques et philosophiques. Qu'est ce que la société d'hyperconsommation? "La société d'hyperconsommation coïncide avec un état de l'économie marqué par la centralité du consommateur" nous indique l'auteur. Plusieurs phases sont énumérées dans l'histoire de la société de consommation: 1880/1945 illustre la période de mise en place du capitalisme de consommation et de développement de la production de masse (taylorisme/fordisme). Cette période voit naître

Le marketing expérientiel, Vers un marketing de la cocréation; de Claire Roederer et Marc Filser

Claire Roederer et Marc Filser nous proposent une petite histoire du marketing expérientiel étoffé d'exemples concrets pour cette deuxième édition de leur ouvrage intitulé "Le marketing expérentiel; Vers un marketing de la cocréation". Quelques bases pour débuter, avec le rappel des origines du marketing dit "traditionnel", comme un modèle issu de l'économie centrée sur la valeur intrinsèque des ressources d'échange, dans une logique de GOOD-DOMINANT, alors que l'économie contemporaine est dominée par les services, eux-mêmes renforcés par la révolution numérique. Dès lors, la logique de SERVICE-DOMINANT est enclin à esquiver le GOOD-DOMINANT, avec pour principes la culture de l'organisation en tant que SOURCE DE CONTROLE et D'INSPIRATION, les pratiques organisationnelles CROSS-FONCTIONNELLES, le souci de produire des SOLUTIONS CLIENTS, mais aussi de gérer la COPRODUCTION avec le consommateur et la COCREATION GLOBALE DE VALEUR. Le market