François Jullien nous offre un ouvrage brillant, bien qu'assez inaccessible de prime abord, sur la notion d'infléchissement progressif à travers les prismes des philosophies Grecques et Chinoises.
Je n'aurai jamais eu connaissance de cet essai si notre intervenante sur le sujet de la Complexité et de la Stratégie, Catherine Lenglet, ne nous avait pas soufflé d'y jeter un oeil, tant le registre me parait à priori impalpable.
L'auteur interroge la notion de transition, qui dans notre culture, héritée de la philosophie grecque, se traduit par le passage d'une état/sujet à un autre, son contraire.
En effet, notre mode de pensée occidentale a attribué au temps une fonction d'illustration de la continuité, alors que les textes chinois n'attribuent ni début ni fin, mais la notion de "fin-début", comme un processus de modification-continuation (bian-tong).
La philosophie grecque s'est imposée, en occident, comme un mode de pensée de l'être, comme identité fixe, évitant ainsi le "trou" qu'offre la mutation/le flux continu de contraires (la neige vs la neige fondue/l'eau, le chaud vs le froid, la jeunesse vs la vieillesse...) , élément prédominant de la pensée chinoise, et, à bien y réfléchir, de la vie.
Grandir, vieillir, changer, modifier, transformer...sont l'expression d'infléchissements progressifs, imperceptibles au quotidien, mais pourtant palpables.
" Elles (les transformations silencieuses ndlr) infléchissent sans mot dire la situation, et ce jusqu'à son basculement, sans qu'on ait prise sur elles par conséquent, et même sans qu'on les voie, en dépit de leur évidence, et qu'on songe à leur résister".
A travers l'exploration de la pensée chinoise, l'auteur nous propose une mise en exergue des écarts entre nos images mentales et la traduction de la pensée chinoise, et nous interroge sur nos conceptions cristallisées.
"La transformation est globale, progressive et dans la durée, elle résulte d'une corrélation de facteurs et comme c'est "tout", en elle, qui se transforme, elle ne se démarque jamais suffisamment pour être perceptible".
Ainsi, François Jullien nous dévoile une autre conception de ces mutations, discrètes, invisibles: ce que nous ne considérons qu'à travers des événements radicaux, seraient en réalité l'expression d'une maturation progressive et d'interactions multiples dont les signaux faibles, presque imperceptibles, s'illustrent au sein d'une situation.
"Adopter cette posture, c'est développer une pensée systémique, globale, qui accepte la pluralité des causes et la diversité des effets et d'accueillir le flou, l'incertain".
Les Transformations silencieuses; Chantier, I; de François Jullien
Articles complémentaires
http://www.lemonde.fr/livres/article/2009/04/02/les-transformations-silencieuses-de-francois-jullien_1175613_3260.html
https://www.cairn.info/revue-essaim-2010-1-page-149.htm
http://appli6.hec.fr/amo/Public/Files/Docs/398_fr.pdf
http://replay.publicsenat.fr/vod/bibliotheque-medicis/les-transformations-silencieuses/francois-jullien,jacques-delors,felix-de-belloy,mona-ozouf/61437
http://didierchambaretaud.blogspot.fr/2010/12/francois-jullien-la-transformation.html
http://wodka.over-blog.com/article-30317370.html
Je n'aurai jamais eu connaissance de cet essai si notre intervenante sur le sujet de la Complexité et de la Stratégie, Catherine Lenglet, ne nous avait pas soufflé d'y jeter un oeil, tant le registre me parait à priori impalpable.
L'auteur interroge la notion de transition, qui dans notre culture, héritée de la philosophie grecque, se traduit par le passage d'une état/sujet à un autre, son contraire.
En effet, notre mode de pensée occidentale a attribué au temps une fonction d'illustration de la continuité, alors que les textes chinois n'attribuent ni début ni fin, mais la notion de "fin-début", comme un processus de modification-continuation (bian-tong).
La philosophie grecque s'est imposée, en occident, comme un mode de pensée de l'être, comme identité fixe, évitant ainsi le "trou" qu'offre la mutation/le flux continu de contraires (la neige vs la neige fondue/l'eau, le chaud vs le froid, la jeunesse vs la vieillesse...) , élément prédominant de la pensée chinoise, et, à bien y réfléchir, de la vie.
Grandir, vieillir, changer, modifier, transformer...sont l'expression d'infléchissements progressifs, imperceptibles au quotidien, mais pourtant palpables.
" Elles (les transformations silencieuses ndlr) infléchissent sans mot dire la situation, et ce jusqu'à son basculement, sans qu'on ait prise sur elles par conséquent, et même sans qu'on les voie, en dépit de leur évidence, et qu'on songe à leur résister".
A travers l'exploration de la pensée chinoise, l'auteur nous propose une mise en exergue des écarts entre nos images mentales et la traduction de la pensée chinoise, et nous interroge sur nos conceptions cristallisées.
"La transformation est globale, progressive et dans la durée, elle résulte d'une corrélation de facteurs et comme c'est "tout", en elle, qui se transforme, elle ne se démarque jamais suffisamment pour être perceptible".
Ainsi, François Jullien nous dévoile une autre conception de ces mutations, discrètes, invisibles: ce que nous ne considérons qu'à travers des événements radicaux, seraient en réalité l'expression d'une maturation progressive et d'interactions multiples dont les signaux faibles, presque imperceptibles, s'illustrent au sein d'une situation.
"Adopter cette posture, c'est développer une pensée systémique, globale, qui accepte la pluralité des causes et la diversité des effets et d'accueillir le flou, l'incertain".
Les Transformations silencieuses; Chantier, I; de François Jullien
Articles complémentaires
http://www.lemonde.fr/livres/article/2009/04/02/les-transformations-silencieuses-de-francois-jullien_1175613_3260.html
https://www.cairn.info/revue-essaim-2010-1-page-149.htm
http://appli6.hec.fr/amo/Public/Files/Docs/398_fr.pdf
http://replay.publicsenat.fr/vod/bibliotheque-medicis/les-transformations-silencieuses/francois-jullien,jacques-delors,felix-de-belloy,mona-ozouf/61437
http://didierchambaretaud.blogspot.fr/2010/12/francois-jullien-la-transformation.html
http://wodka.over-blog.com/article-30317370.html
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