Pierre Velt débute son ouvrage en déboutant l'idée selon laquelle la société contemporaine serait celle de l'immatériel, qu'il oppose à l'industrie et à la production physique des objets.
En effet, l'effectif mondial d'emploi manufacturier n'a jamais été aussi conséquent et, le ratio de 5% de la population mondiale employé dans le secteur manufacturier est stable depuis deux siècles.
L'auteur nous propose de synthétiser le rapprochement entre industrie et services selon trois principes:
-les gains de productivité manufacturier ont enrichi la société, stimulant la demande en services
-les industries ont mis en place des systèmes globaux
-l'externalisation a permis de consolider de nouveaux secteurs de services aux entreprises
Les enjeux industriels se sont certes déplacés géographiquement (c'est le cas des emplois manufacturier) mais également dans leur définition, intégrant des emplois dits immatériels (marketing, design, recherche et développement...).
Pierre Velt part du constat que l'articulation entre industrie et services consolide une base dite "hyper-industrielle", entrainée par la mutation numérique et le basculement vers des enjeux énergétiques et écologiques.
De fait, il nous alerte sur la tendance actuelle consistant à résumer la compétitivité industrielle "aux seuls éléments de comparaison internes au monde manufacturier."
En réalité, ce sont les pôles de recherches, data centers, les pôles de logistiques qui se sont industrialisés.
A travers cette nouvelle industrialisation se profile le questionnement de la précarité des classes moyennes: "Jusqu'à ce jour, les classes moyennes se sont toujours créées en lien avec la montée de l'industrie et de ses niveaux élevés de productivité. L'industrie a permis de structurer la représentation politique et syndicale des catégories dominées de la population autour des intérêts partagés par de grandes masses de travailleurs, intérêts qui sont évidemment beaucoup plus difficiles à faire émerger dans un monde dominé par des services, plus éclatés, souvent artisanaux ou informels."
L'auteur soulève également le concept de "dématérialisation" (besoin de moins de matière première pour assurer une fonction donnée), tout en soulignant que cela ne réduit en rien notre consommation globale en matière première, qui augmente par effet de rebond: "La consommation a augmenté beaucoup plus vite que la relative dématérialisation".
Pierre Velt site à ce propos William Stanley Jevons (1865) "C'est une erreur complète de supposer que l'usage plus économique de l'énergie va faire baisser la consommation. C'est exactement le contraire qui va se produire."
Pierre Veltz poursuit son analyse en s'interrogeant sur les débats qui opposent automatisation et emplois, à travers les réflexions de Ned Ludd et David Ricardo.
Ludd déplore les effets immédiats de destruction d'emplois dût à l'automatisation.
La pensée de Ricardo tend vers plus d'optimisme, convaincu que les emplois supprimés sont remplacés par d'autres emplois.
Et l'auteur d'ajouter: "L'histoire a toujours donné raison au second, chaque progrès de productivité se traduisant in fine par davantage, et non pas moins d'emplois, et qui plus est, des emplois généralement mieux payés."
La question de l'automatisation n'en serait dès lors plus une, le début fondamental étant d'appréhender la façon dont ces gains de productivité sont recyclés dans les revenus et la demande, ou, en d'autres termes, le débat se porte davantage sur la répartition et les inégalités qu'inflige celle-ci.
Pierre Velt évoque ensuite la notion de "scalabilité" comme "capacité de monter en échelle rapidement", c'est à dire la capacité à s'adresser au marché de masse et à mobiliser rapidement des ressources financières conséquentes.
Et d'évoquer les entreprises du numériques qui entrainent dans leur sillon un changement de paradigme.
"Les nouvelles infrastructures forment un environnement qui enveloppe et pénètre intimement toutes les opérations particulières de production ou d'échange. Internet est plus qu'un système d'échange. C'est une trame ubiquitaire sur laquelle viennent se connecter toutes sortes d'activités externes mais aussi internes aux firmes."
Ces pôles connectés, sous forme de hub (clusters), sont constitués d'écosystèmes ouverts et multisectoriels, formant une nouvelle forme de partage mais aussi de compétition, que l'auteur nomme "la coopétition".
A travers ces analyses se profile le nouveau paradigme du marché de l'emploi: une remise en question profonde du salariat au profil de prestations de service, du contrat de projet, de travail à la tâche.
"La tâche des décennies à venir est de réinventer un cadre institutionnel et juridique permettant de valoriser la face positive de ces mutations, tout en redéfinissant un portage collectif des risques, évitant leur report pur et simple sur le salariat transformé en "précariat"."
La société hyper-industrielle; Le nouveau capitalisme productif de Pierre Velt
Articles complémentaires:
La société hyper-industrielle; Le nouveau capitalisme productif de Pierre Velt
http://internetactu.blog.lemonde.fr/2017/03/18/vers-une-societe-hyper-industrielle/
http://www.la-fabrique.fr/fr/blog/la-societe-hyper-industrielle-le-nouveau-capitalisme-productif/
https://www.futuribles.com/fr/revue/409/la-societe-hyperindustrielle-et-ses-territoires/
http://geobunnik.over-blog.fr/2017/03/pierre-veltz-la-societe-hyper-industrielle.html
http://www.aurm.org/document/la-societe-hyper-industrielle-quels-enjeux-pour-la-france-a-propos-de-la-conference-de-pierre-veltz/show
http://www.lettreducadre.fr/14701/un-monde-hyper-industriel/
http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/l-hyper-industrie-arrive_1889490.html
http://www.usinenouvelle.com/editorial/de-la-desindustrialisation-a-l-hyper-industrie.N525334
http://www.metiseurope.eu/dans-quel-monde-vivons-nous-thinsp_fr_70_art_30546.html
https://www.franceculture.fr/emissions/les-carnets-de-leconomie/pierre-veltz-34-quest-ce-que-lage-hyperindustriel
En effet, l'effectif mondial d'emploi manufacturier n'a jamais été aussi conséquent et, le ratio de 5% de la population mondiale employé dans le secteur manufacturier est stable depuis deux siècles.
L'auteur nous propose de synthétiser le rapprochement entre industrie et services selon trois principes:
-les gains de productivité manufacturier ont enrichi la société, stimulant la demande en services
-les industries ont mis en place des systèmes globaux
-l'externalisation a permis de consolider de nouveaux secteurs de services aux entreprises
Les enjeux industriels se sont certes déplacés géographiquement (c'est le cas des emplois manufacturier) mais également dans leur définition, intégrant des emplois dits immatériels (marketing, design, recherche et développement...).
Pierre Velt part du constat que l'articulation entre industrie et services consolide une base dite "hyper-industrielle", entrainée par la mutation numérique et le basculement vers des enjeux énergétiques et écologiques.
De fait, il nous alerte sur la tendance actuelle consistant à résumer la compétitivité industrielle "aux seuls éléments de comparaison internes au monde manufacturier."
En réalité, ce sont les pôles de recherches, data centers, les pôles de logistiques qui se sont industrialisés.
A travers cette nouvelle industrialisation se profile le questionnement de la précarité des classes moyennes: "Jusqu'à ce jour, les classes moyennes se sont toujours créées en lien avec la montée de l'industrie et de ses niveaux élevés de productivité. L'industrie a permis de structurer la représentation politique et syndicale des catégories dominées de la population autour des intérêts partagés par de grandes masses de travailleurs, intérêts qui sont évidemment beaucoup plus difficiles à faire émerger dans un monde dominé par des services, plus éclatés, souvent artisanaux ou informels."
L'auteur soulève également le concept de "dématérialisation" (besoin de moins de matière première pour assurer une fonction donnée), tout en soulignant que cela ne réduit en rien notre consommation globale en matière première, qui augmente par effet de rebond: "La consommation a augmenté beaucoup plus vite que la relative dématérialisation".
Pierre Velt site à ce propos William Stanley Jevons (1865) "C'est une erreur complète de supposer que l'usage plus économique de l'énergie va faire baisser la consommation. C'est exactement le contraire qui va se produire."
Pierre Veltz poursuit son analyse en s'interrogeant sur les débats qui opposent automatisation et emplois, à travers les réflexions de Ned Ludd et David Ricardo.
Ludd déplore les effets immédiats de destruction d'emplois dût à l'automatisation.
La pensée de Ricardo tend vers plus d'optimisme, convaincu que les emplois supprimés sont remplacés par d'autres emplois.
Et l'auteur d'ajouter: "L'histoire a toujours donné raison au second, chaque progrès de productivité se traduisant in fine par davantage, et non pas moins d'emplois, et qui plus est, des emplois généralement mieux payés."
La question de l'automatisation n'en serait dès lors plus une, le début fondamental étant d'appréhender la façon dont ces gains de productivité sont recyclés dans les revenus et la demande, ou, en d'autres termes, le débat se porte davantage sur la répartition et les inégalités qu'inflige celle-ci.
Pierre Velt évoque ensuite la notion de "scalabilité" comme "capacité de monter en échelle rapidement", c'est à dire la capacité à s'adresser au marché de masse et à mobiliser rapidement des ressources financières conséquentes.
Et d'évoquer les entreprises du numériques qui entrainent dans leur sillon un changement de paradigme.
"Les nouvelles infrastructures forment un environnement qui enveloppe et pénètre intimement toutes les opérations particulières de production ou d'échange. Internet est plus qu'un système d'échange. C'est une trame ubiquitaire sur laquelle viennent se connecter toutes sortes d'activités externes mais aussi internes aux firmes."
Ces pôles connectés, sous forme de hub (clusters), sont constitués d'écosystèmes ouverts et multisectoriels, formant une nouvelle forme de partage mais aussi de compétition, que l'auteur nomme "la coopétition".
A travers ces analyses se profile le nouveau paradigme du marché de l'emploi: une remise en question profonde du salariat au profil de prestations de service, du contrat de projet, de travail à la tâche.
"La tâche des décennies à venir est de réinventer un cadre institutionnel et juridique permettant de valoriser la face positive de ces mutations, tout en redéfinissant un portage collectif des risques, évitant leur report pur et simple sur le salariat transformé en "précariat"."
La société hyper-industrielle; Le nouveau capitalisme productif de Pierre Velt
Articles complémentaires:
La société hyper-industrielle; Le nouveau capitalisme productif de Pierre Velt
http://internetactu.blog.lemonde.fr/2017/03/18/vers-une-societe-hyper-industrielle/
http://www.la-fabrique.fr/fr/blog/la-societe-hyper-industrielle-le-nouveau-capitalisme-productif/
https://www.futuribles.com/fr/revue/409/la-societe-hyperindustrielle-et-ses-territoires/
http://geobunnik.over-blog.fr/2017/03/pierre-veltz-la-societe-hyper-industrielle.html
http://www.aurm.org/document/la-societe-hyper-industrielle-quels-enjeux-pour-la-france-a-propos-de-la-conference-de-pierre-veltz/show
http://www.lettreducadre.fr/14701/un-monde-hyper-industriel/
http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/l-hyper-industrie-arrive_1889490.html
http://www.usinenouvelle.com/editorial/de-la-desindustrialisation-a-l-hyper-industrie.N525334
http://www.metiseurope.eu/dans-quel-monde-vivons-nous-thinsp_fr_70_art_30546.html
https://www.franceculture.fr/emissions/les-carnets-de-leconomie/pierre-veltz-34-quest-ce-que-lage-hyperindustriel
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