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La prospérité du vice; un introduction (inquiète) à l'économie; de Daniel Cohen


Une fois n'est pas coutume, Daniel Cohen nous offre un ouvrage brillant relatant l'histoire économique du monde dans le cadre de la dynamique historique du capitalisme.
A travers ce récit, l'auteur rend intelligibles les événements économiques qui ont façonné notre société, et ce afin de mieux appréhender les différentes phases de l'économie mondiale et les interactions entre nations qui les précédaient ou succédaient.

La première partie de cet ouvrage nous offre une genèse de l'économie et de ses polarités.

Il y a 10 000 ans naissait l'agriculture, et avec elle une augmentation démographique représentative.
Cela engendra l'amélioration du niveau de vie, qui fit naitre les privilèges et inégalités et, par conséquent, une classe de privilégiés (rois, religieux, guerriers...). 
A travers une succession de faits historiques éclairés à la lumière de l'économie, l'auteur nous démontre que l'Europe ne possédait ni avancée technologique majeure, ni privilège naturelle spécifique expliquant sa future domination, seules quelques raisons expliquent sa suprématie industrielle historique.

Une première raison est évoquée: les européens du XVIIIe siècle auraient bénéficié d'une croissance démographique limitée, permettant de conserver une niveau de vie satisfaisant, et ce grâce à leur mauvaise hygiène. 
Les chinois et les japonais auraient subit, à contrario, une surpopulation engendrée par leur obsession de la propreté.
De plus, l'Europe, constituée de plusieurs pays aux frontières naturelles, va connaître, plus que n'importe quel autre continent, de vives tensions entre pays.
Ces tensions seront des moteurs offrant la supériorité militaire, elle-même abreuvant les innovations techniques nécessaires aux guerres ainsi qu'un système économique ingénieux afin d'éponger les frais et dettes inhérents aux guerres (plus particulièrement en Angleterre).

L'Europe entame ensuite un développement industriel, avec, à sa tête l'Angleterre.
En effet, l'Angleterre la première adopte une stratégie de croissance basée sur les exportations textiles permettant d'importer les produits alimentaires puis le charbon, manquant afin de répondre à sa forte démographie et à ses besoins énergétiques.
"L'Europe vend ses biens à l'Afrique, laquelle exporte des esclaves vers l'Amérique, qui exporte ses produits vers l'Europe."

Plusieurs événements majeurs vont frapper par la suite la dynamique européenne:
La première guerre mondiale, qui aurait été un moyen pour la France de mettre un coup d'arrêt à la croissance allemande, notamment industrielle, engrangera la seconde guerre mondiale.
Daniel Cohen explique que l'ampleur des réparations imposées à l'Allemagne par la France, suite à la première guerre mondiale dont les allemands sortiront vaincus, réduit les espérances de prospérité et de paix, ce qui a pour conséquence de contribuer à la montée en puissance du nazisme.
De plus, l'effondrement du commerce international consécutif au repli protectionniste des pays et à l'inaction des banques centrales, invitera la crise américaine à se propager en Europe.
Cette crise financière, à l'aube de la seconde guerre mondiale (1929), enfoncera davantage encore l'Allemagne dans une dépression face à laquelle le pays se trouve désarmé, et contre laquelle il répondra par la vengeance et la haine.

Loin de s'arrêter là, les dernières décennies dessinent une nouvelle réalité économique: la chute du Mur de Berlin d'une part, l'effondrement des économies planifiées d'autre part, invitent à élargir l'économie de marché à l'échelle mondiale.
Avec l'émergence de l'économie moderne, de nouveaux paradigmes apparaissent: la nécessité pour l'économie de s'appuyer sur des états-nations:
"Pour produire des richesses il faut, à peu près à part égale, du capital (les machines), du capital humain (éducation, santé publique) et des institutions efficaces (des marchés organisés et une justice impartiale...). Or deux sur trois de ces termes sont produits par l'Etat. Ils constituent ce que les économistes appellent les infrastructures sociales de la nation."

De plus, ce nouveau capitalisme impose de nouvelles normes, notamment celle de l'externalisation.
En effet, le "capitalisme actionnarial" consiste à réduire l'activité des firmes à leur coeur de métier, tendant vers un processus d'optimisation de la masse salariale, mouvance qui plus est accentuée par la révolution numérique.
L'auteur souligne que la réorganisation interne du capitalisme a précédé la mondialisation.
De nouvelles nations s'invitent depuis à la table du capitalisme mondiale.

L'auteur poursuit en évoquant les divers enjeux, notamment écologiques, à l'aune desquels le monde devra faire face afin d'inventer une nouvelle économie, conjuguant aspirations économiques, urgence écologique, émergence de l'économie de l'immatériel et rareté des matières premières.

"C'est l'amélioration de sa situation qui rend une société heureuse. Les sociétés modernes sont avides de croissance, davantage que de richesse. Mieux vaut vivre dans un pays pauvre qui s'enrichit (vite) que dans un pays (déjà) riche et qui stagne."


La prospérité du vice; un introduction (inquiète) à l'économie; de Daniel Cohen



Articles complémentaires:
http://www.lemonde.fr/livres/article/2009/09/17/la-prosperite-du-vice-une-introduction-inquiete-a-l-economie-de-daniel-cohen_1241655_3260.html

http://major-prepa.com/livres/la-prosperite-du-vice-daniel-cohen/

http://www.melchior.fr/lecture/la-prosperite-du-vice

http://www.lepoint.fr/actualites-chroniques/2009-09-10/la-prosperite-du-vice/989/0/375932

https://www.herodote.net/La_prosperite_du_vice-bibliographie-247.php

http://leblog-boursier.typepad.com/leblogboursier/2010/03/daniel-cohen-la-prosp%C3%A9rit%C3%A9-du-vice-par-alain-sueur.html

http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20090904trib000418181/daniel-cohen-rien-ne-nous-garantit-la-paix-et-la-prosperite.html

NB:
Adam Smith et le commerce international: 
la théorie des avantages absolus

Dans une économie de petite taille, la division du travail est limitée par les frontières nationales. Elle est bornée par l'étendue du marché. L’ouverture des frontières permet d’augmenter la taille des marchés et l’intensité de la division du travail par la spécialisation internationale. 

Le processus de destruction créatrice chez Schumpeter:
On peut définir le processus de destruction créatrice introduit par Schumpeter, comme étant le mouvement permanent de destructions d’activités liées aux anciennes innovations et de créations de nouvelles activités liées aux nouvelles innovations. Les éléments neufs vont remplacer les anciens


Marx et le matérialisme dialectique: 

Pour imposer des salaires bas, sources de plus-value, le capitalisme a besoin de maintenir une masse de prolétaires sans emplois, qui obligent ceux qui ont un à accepter un salaire de subsistance.


La théorie du multiplicateur de Keynes:
Lorsque la consommation et l'investissement baissent, les entreprises licencient. Appauvris par les licenciements, les ménages consomment moins encore. Ce climat morose n'incite pas davantage les entreprises à investir. Le déséquilibre initial se multiplie. Un nouvel équilibre émerge: l'équilibre de sous-emploi.

La loi de Malthus:
La croissance de la population suit une tendance géométrique alors que le niveau des ressources suit une croissance arithmétique. Il s'ensuit un décalage croissant entre les besoins de la population et les ressources disponibles. Il faut donc promouvoir une régulation de la croissance démographique, par des obstacles préventifs (retard au mariage, abstinence, arrêt des aides aux nécessiteux, etc.) si les obstacles destructifs jouent un rôle limité (famines, guerres, épidémies). On parle alors de politique malthusienne.

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